Vers la fin du plastique à usage unique ?
La production de plastique est l’industrie qui consomme le plus d’électricité et elle va plus que doubler d’ici 2040 au niveau mondial. Elle représente également 8% de la consommation finale de pétrole à l’échelle européenne. Le problème du plastique est bien réel et ses conséquences sont néfastes aussi bien pour la santé humaine que pour nos écosystèmes.
D’après le rapport de WWF, le coût environnemental et sociétal du plastique est au moins 10 fois plus élevé que son prix de marché payé par les producteurs. De par son faible prix et ses multiples fonctionnalités, le plastique est intensément utilisé au sein des sociétés humaines. La production de ce matériel a presque doublé en 20 ans, contribuant à la libération de gaz à effet de serre et de polluants chimiques dans l’atmosphère. Le plastique constitue une énorme source de pollution. Les déchets plastiques finissent souvent dans les mers et les océans, tuant de nombreux animaux marins. Les sols ne sont pas épargnés avec l’infiltration de microplastiques qui pourrait avoir un impact sur no écosystèmes dans le long terme. L’industrie du plastique a donc des conséquences directes sur le changement climatique et la santé humaine.
Le plastique en quelques chiffres
- L’humanité produit chaque année plus de 200 millions de tonnes de déchets plastiques
- 41% des déchets plastiques sont ouvertement brulés ou déversés dans la nature
- Chaque année 11 millions de tonnes de plastique se retrouvent dans l’océan
- 91% des émissions de GES provenant du plastique sont issues de sa production
- Il faut en moyenne 450 ans pour qu’une bouteille plastique se décompose

La réduction des déchets plastique s’impose comme une nécessité mais aussi comme une volonté. 80% des français souhaitent réduire l’utilisation du plastique à usage unique et 75% veulent la fin du plastique à usage unique (Attitudes towards single-use plastic). Pourtant, le recyclage ne semble pas être une solution viable et pérenne pour la gestion des déchets plastiques. En effet, d’après un rapport de la Cour des Comptes, nous sommes dans l’incapacité de respecter les objectifs de collecte, de tri et de recyclage fixés en terme de déchets plastiques. Cela a pour conséquence l’exportation des déchets que nous ne sommes pas en mesure de collecter, notamment vers la Turquie tristement surnommée « la nouvelle poubelle de l’Europe ».

L’exemple du polystyrène : beaucoup utilisé mais peu recyclé
Parmi les différents plastiques on trouve beaucoup le polystyrène, un plastique mal recyclé et dangereux pour la santé. Le styrène, utilisé pour produire ce plastique, a été défini comme probablement cancérogène pour l’homme par l’Organisation Mondiale de la Santé. Il est également une menace pour nos écosystèmes car il est le troisième plastique le plus présent dans les mers et les sources d’eau douce et il affecte négativement le plancton, qui est à la base de la chaîne alimentaire. Le polystyrène représente 70% des emballages plastiques utilisés par l’industrie des produits laitiers en France, ce qui correspond à 100 000 tonnes. Et pourtant, ce plastique est très peu recyclé. En effet, on trouve une minorité d’infrastructures dédiées au recyclage du polystyrène et chaque plastique nécessité sa propre filière de recyclage. Cela signifie que la rentabilité des filières de recyclage repose sur une augmentation des déchets plastiques. Néanmoins des alternatives existent, à l’image du PET, dont le recyclage est parfaitement maîtrisé et qui n’a aucun impact sur la santé humaine.
Le cadre réglementaire
Le 10 février 2020, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire a été promulguée. La loi vise à transformer notre économie vers un modèle circulaire et se décline en 5 axes : sortir du plastique jetable, mieux informer les consommateurs, lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire, agir contre l’obsolescence programmée et mieux produire.
Dans le cadre de cette loi, la France se donne pour ambition d’atteindre d’ici 2040 la fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique. La loi fixe ainsi plusieurs sous-objectifs pour respecter cette ambition :
- Une réduction d’au moins 20% des emballages en plastique à usage unique d’ici 2025
- Une réduction de 100% des emballages en plastique à usage unique « inutile » ( ceux n’ayant pas de fonctions essentielles techniques)
- Un recyclage de 100% des emballages en plastique à usage unique présent sur le marché
- 20% des surfaces de vente des commerce de détail dont la surface dépasse 400m2 consacrée à des produits présentés sans emballage primaire
La loi AGEC encadre également le développement de l’information du consommateur. Le but est d’améliorer l’information du consommateur sur la qualité et l’impact environnemental des produits. Ainsi, les produits ne peuvent pas comporter la mention compostable si elle ne peut être obtenue qu’en unité industrielle et ils doivent porter la mention ne pas jeter dans la nature.
Enfin, la loi tente aussi de limiter la détention d’objets en plastique à usage unique dans les espaces protégée. L’industrie du plastique contribue au réchauffement climatique et présente, de fait, un facteur de risque pour la biodiversité. Chaque année 1,4 millions d’oiseaux et 14000 mammifères décéderaient suite à une ingestion de plastique. De plus, la pollution plastique est aussi une pollution visuelle car elle dégrade les paysages.
La mise en place de mesures afin de réduire le plastique à usage unique apparaît donc comme nécessaire. L’amélioration du système de gestion des déchets, la promotion d’alternatives plus respectueuses de l’environnement ou la mise en œuvre de stratégie de réduction volontaire sont tout autant de façon de réduire notre utilisation du plastique à usage unique.