L’éco-conception numérique c’est quoi ?
Le 7 juillet 2020, le Sénat publiait un rapport pour une transition numérique écologique. Au cœur du texte : l’éco-conception, une nouvelle manière de penser les sites et services numériques.
Le numérique, composé du hardware (ce qui se voit) et du software (ce qui ne se voit pas) est une importante source de consommation d’énergie, d’eau et rejette de grandes quantités de gaz à effet de serre :
- 4,2% de la consommation d’énergie primaire (EP) mondiale
- 3,8% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiale
- 0,2% de la consommation d’eau mondiale
- 5,5% de la consommation électrique mondiale
Les composantes du numérique
Le “hardware” désigne tout objet numérique physique. C’est le cas des ordinateurs, d’une carte-mère, d’une souris ou encore d’un clavier.
A l’inverse, le “software” est le nom générique donné aux logiciels. Il englobe à la fois les systèmes d’exploitation et les applications.
De fait, hardware comme software sont d’importants émetteurs d’émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) et laissent donc place à la naissance de nouvelles approches de développement comme l’éco-conception afin d’y remédier.
Zoom sur cette nouvelle manière de penser nos sites internet et applications.
L’éco-conception, c’est quoi ?
Nombreuses sont les définitions de l’éco-conception. L’ADEME la définit comme “une démarche préventive et innovante qui permet de réduire les impacts négatifs du produit, service ou bâtiment sur l’environnement sur l’ensemble de son cycle de vie (ACV), tout en conservant ses qualités d’usage”.
En d’autres termes, éco-concevoir c’est chercher à réduire la quantité des ressources informatiques : puissance du terminal, bande passante, nombre de serveurs, etc. Ce faisant, on réduit mécaniquement les impacts liés à la non-fabrication de ressources inutiles et on allonge la durée de vie des terminaux.
D’ailleurs, le rapport d’information publié par le Sénat annonce que l’éco-conception pourrait être rendue obligatoire pour les entreprises totalisant plus de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Quelques clés de l’éco-conception
La conception d’un site ou d’une application peuvent suivre des pistes d’éco-conception communes. En voici 4 principales :
- Identification des postes de surconsommation dans les codes.
- Modification du code : c’est ce que la communauté du Green Code Lab a mis en place en publiant un ouvrage entier afin de diffuser des “green patterns” pour réduire la consommation du code.
- Privilégier les plugs in qui appellent toutes les données en une fois, gèrent les “timeout”, utilisent mieux les caches et bannir les requêtes multi-serveurs.
- Simplifier au mieux le design en se penchant sur les besoins essentiels seulement : c’est ce que la startup Greenspectors fait, en accompagnant les entreprises éditrices de logiciels.
Quelques bonnes pratiques
Certaines entreprises, dans le cadre de leurs services ont eu recours à l’éco-conception. Pour cause, au-delà de son impact environnemental, éco-concevoir une application permet de réduire drastiquement sa consommation d’énergie et donc de batterie.
Ainsi, la SNCF, avec son projet COSMO, a conçu des applications très peu énergivores afin de permettre à ses contrôleurs.ses de contrôler et informer les voyageurs sans devoir recharger leurs appareils trop souvent.
En parallèle, Facebook a également développer sa version mobile, mais en version “allégée” et moins consommatrice : le Facebook Lite qui compte aujourd’hui plus de 200 millions d’utilisateurs. Cette dernière, développée à destination des utilisateurs bénéficiant de faible bande passante pèse bien moins : 1,5 Mo (contre 52,56 MB pour l’application Facebook), est 50% moins gourmande en batterie que l’application originale et consomme 8 fois moins de données.
Réduire l’impact du numérique, c’est possible. Malgré l’impact environnemental de ce dernier, certaines solutions comme l’éco-conception prouvent que technologie et respect de l’environnement sont compatibles.
Pour autant, le défi est grand puisqu’il s’agit de modifier les manières de coder, largement répandues aujourd’hui, au profit d’un code “plus vert”.
Un challenge qui commence à être relever, notamment par Atos, qui a allongé la durée d’utilisation de son matériel en choisissant d’utiliser une écriture verte sur un fond noir pour les messages à l’écran et permettre ainsi jusqu’à 20% d’énergie en moins que les lettres noires sur fond blanc.
Par ailleurs, Atos a également supprimé ses “bugs énergétiques” soit tout code consommant de l’énergie sans aucune nécessité fonctionnelle, permettant ainsi d’économiser une heure de capacité de batterie par jour.