Comment concilier sport et environnement ?
Le 06 octobre 2022 l’Arabie Saoudite se voyait attribuer les jeux asiatiques d’hiver 2029. En pleine période de sobriété énergétique cette nouvelle n’a pas manqué de faire réagir. Le désert dans lequel les jeux auront lieu est certes froid mais les précipitations sont faibles, obligeant les organisateurs à produire de la neige artificielle en masse.

A quelques semaines de la Coupe du Monde de football au Qatar, la désignation de l’Arabie Saoudite comme hôte des jeux soulève de nombreuses questions. Pour rappel, l’organisation de la Coupe du Monde au Qatar pose de nombreuses problématiques environnementales, sociales et sociétales. Tout d’abord les conditions de travail des ouvriers ayant participé à la construction des stades étaient catastrophiques. Selon une enquête du quotidien britannique the Guardian, 6 500 ouvriers auraient perdu la vie sur les chantiers de la Coupe du Monde. Ce chiffre serait encore plus grand selon les associations de défense des droits de l’homme. L’impact carbone est quant à lui déplorable. L’ensemble des stades sera climatisé et à ciel ouvert, des navettes aériennes feront le trajet entre le Qatar et les pays voisins toutes les 10 minutes pour transporter les supporters tandis que le pays déclare cette Coupe du Monde « neutre en carbone ».
Avec une conscience climatique qui se fait de plus en plus prégnante, sans oublier le bafouement des droits humains, beaucoup se lancent dans un boycott de la Coupe du Monde, une grande première pour l’univers du sport de haut niveau. Le journal le Quotidien de la Réunion et de l’Océan Indien est le premier à s’engager à boycotter cette Coupe du Monde avec une Une frappante intitulée « Sans Nous ». Plusieurs villes françaises ont également déclaré qu’elles ne diffuseraient pas les matchs dans des fans zones dédiées comme ce fut le cas pour les Coupes précédentes.
Impact du sport sur le climat
L’organisation de grands événements sportifs à l’image de la Coupe du Monde de football ou des Jeux Olympiques interroge sur la soutenabilité du sport à haut niveau. Certes divertissant et passionnant, le sport de haut niveau à néanmoins un impact environnemental lourd. En effet, les émissions de gaz à effet de serre produites par celui-ci sont conséquentes.
Le déroulement de compétitions sportives d’envergure demande la construction de multiples infrastructures. Ces infrastructures vont consommer des quantités énormes d’énergie pour assurer l’accueil des supporters mais également des athlètes venus concourir. Les déplacements engendrés par de tels évènements contribuent fortement au réchauffement climatique ( un aller-retour Paris- New York c’est 1,75 tonnes de CO2). La soutenabilité des pratiques sportives à haut niveau est aujourd’hui remise en question, notamment par les émissions de GES qu’elles génèrent.
Nécessité de s’adapter
Si les activités sportives ont un impact sur le réchauffement climatique, il ne faut pas oublier qu’elles vont aussi souffrir de celui-ci. C’est déjà le cas pour certaines pratiques :
- Malaises d’athlètes lors des mondiaux d’athlétisme à Doha en 2019
- Stations de ski fermées en pleine saison suite à un manque d’enneigement
- Fumée d’incendie respirée par les participants lors de l’Open d’Australie
Les périodes de fortes chaleurs ainsi que les événements climatiques extrêmes ne vont cesser de s’intensifier, mettant la pratique sportive de haut niveau à rude épreuve. Le sport doit nécessairement s’adapter au changement climatique et devenir plus résilient dans ces pratiques.
Le rôle de sensibilisation de la part des personnalités sportives
Avec leurs millions d’abonnés sur les réseaux sociaux les personnalités sportives ont un rôle à jouer dans la sensibilisation du public. La séquence de Kylian Mbappé s’esclaffant suite à la réflexion de son entraineur sur les déplacements de l’équipe du Paris Saint-Germain a beaucoup fait parler. Kylian Mbappé dispose de 80 millions d’abonnés sur Instagram et s’adresse à une communauté majoritairement jeune. Bien qu'engagé sur d'autres sujets, le message du footballeur envoyé à cette communauté est désastreux. Cette action témoigne du manque de compréhension aux enjeux climatiques des personnalités sportives.
Le collectif Paye ton Influence tente de modifier les comportements des personnalités et les appellent à ne plus promouvoir des modèles non soutenables. L’objectif est d’inciter les influencer à promouvoir un mode de consommation et de vie plus responsable. Les sportifs, en tant qu’influencer, ont donc un rôle de sensibilisation à jouer auprès de leur communauté.
Initier la transition du sport
La volonté de changer le monde du sport est bien réelle et des initiatives voient le jour pour engager les pratiques sportives vers plus de durabilité. Le label Fair Play For Planet, créé par l’ancien rugbyman Julien Pierre s’inscrit dans cette démarche. Le label s’adresse aux clubs, aux sites et aux événements sportifs. L’objectif est de les accompagner dans leur démarche de développement durable ainsi que de reconnaître l’engagement environnemental des acteurs sportifs. Les clubs désirant se faire labellisés doivent être audités, des recommandations sont ensuite proposées et un niveau de labellisation est délivré. Plusieurs entités sont déjà labellisées comme l’Olympique Lyonnais.
Les compétitions internationales de sport à haut niveau sont remises en question face au changement climatique. Le monde du sport est responsable d’une partie des émissions de GES mais il va aussi subir le bouleversement climatique. Un changement de modèle s’impose, aussi bien pour les sportifs que pour les supporters.
Sources :
https://www.rapidtransition.org/wp-content/uploads/2020/06/Playing_Against_The_Clock_FINAL.pdf
https://www.eco2initiative.com/post/la-pratique-sportive-face-au-rechauffement-climatique
https://www.fairplayforplanet.org/